Wednesday, March 31, 2010

Qui attend la 27?



Photo: Lía Villares

On l’appelle le « bus fantôme », mais pour aller du coin de 12 et 23 au Nuevo Vedado il n'y a pas d'autre choix que de l’attendre. Je suis arrivé à l'arrêt surpeuplé à six heures, comme d'habitude, et je me suis calmement assise pour attendre le miracle qu’est de voir apparaître le bus.

Une demi-heure plus tard, il est arrivé en retard et bondé de gens. Malgré le fait que beaucoup de gens descendre à ce coin de Vedado, il n'y avait pas assez de place à l’intérieur pour nous tous qui attendaient sur le trottoir. Un étranger, deux vieillards, et moi on regarder le bus de décoller, avec des hommes qui se tenaient après à la porte. Il me semblait que l'étranger avait envi de faire la conversation, malgré mes écouteurs, il s'est assit à côté de moi et a commencé à parler.

Il s'est avéré qu'il était brésilien et qu’il étudiait la médecine depuis un an et demi à Fajardo, même si son espagnol était très mauvais. Tout à coup, nous avons été interrompus par un accident sur 23, entre une motocyclette et une Lada russe. Au milieu des cris et des curieux, il me demanda, « A Cuba, ces accidents sont rares, non? »

Je ne comprenais pas très bien ce qu’il voulait dire, mais en tout cas j’ai dit, « Il ya peu de voitures donc je suppose qu'il ya peu d'accidents. »

Après un court silence, il a fait un autre commentaire, «Cuba est un pays idéal pour vivre.»

« Pourquoi?" »

« Nous sommes en sécurité ici. »

J'ai imaginé de nombreuses réponses possibles:

« Comment savez-vous que c'est vrai si la presse ne rapporte pas des actes de violence, et il n'existe aucune statistiques officielles sur le taux de criminalité? »

« La sécurité est une caractéristique des systèmes de militarisation et de contrôle total de la population civile. »

« C'est une honte que le sentiment de sécurité est inversement proportionnelle à celui de la liberté. »

Mais je n'ai rien dit. La nuit tombait, j'ai regardé l’heure, il était déjà huit heures. J'étais fatigué, j'avais perdu toute l'après-midi à essayer de traverser la ville, et un brésilien sort de nulle part pour m'exaspérer avec son manuel de la vie parfaite à Cuba.

Je ne voulais pas expliquer quoi que ce soit, j'aurais préféré tout simplement lui donner un coup de pied dans le pantalon. Mais puisque que je suis une personne éduquée, je me suis contentée de me lever et de partir; j'irais visiter mon ami un autre jour.

Tuesday, March 30, 2010

Faire le Funambule sans tomber

Faire la paix à la fois Dieu et avec le Diable est très difficile, mais pas impossible. Si quelqu'un a des doutes, il peut demander aux garçons de Calle 13, ils connaissent la façon de faire. Par exemple, ils ont invité Aldo de Los Aldeanos à jouer, mais le rappeur n’a pas reçu sont laissez-passer de musicien; ils ne l’ont pas emmené dans le bus avec le reste des musiciens, donc quand il est arrivé au concert les gens de la sécurité serait pas le laisser passer. Personne ne pouvait dire, cependant, que le reggaetoners avait été complice de la censure, ni même ses témoins silencieux. Chanter des chansons contre la Section des Intérêts des Etats-Unis à La Havane et aussi pour les droits de tous et chacun à Miami marche aussi, même si ce n'est pas très subtil. Enfin, des photos avec les femmes des cinq camarades du ministère de l'Intérieur emprisonnés aux États-Unis, et de soutenir les Dames en blanc à partir Puerto Rico, donne une touche de cynisme que notre superficialité peut, malgré tout, pardonner.

Peut-être «Résident» * et «Visiteur» * cru (un peu d'ingéniosité pour réussir sur le marché de la «politique musicale») que les Cinq étaient des prisonniers politiques ou prisonniers de conscience, et ont ensuite déclaré de l'autre côté de mer : qu'ils avaient rencontré les familles des personnes emprisonnées pour leurs idées ici, à Cuba. Ça doit être bien triste pour un journaliste, condamné à vingt ans de prison pour ce qu'il a écrit, d'entendre ces fausses déclarations.

Bien sûr, toutes ces réflexions ne sont pas nécessaires quand viens le temps de bouger ses hanches et de danser au rythme du reggaeton, qui était l'objectif du groupe sur l'île, et qui qu'ils ont accompli.



*«Résident» et «Visiteur» sont les noms des rappeurs (René Pérez "Residente" and Eduardo Cabra "Visitante")

Saturday, March 27, 2010

Quand le Mur S'Effondre


Photo: Claudio Fuentes Madan

J'ai du mal, ces jours-ci, à remettre les pendules a l’heure; je ne suis déconcentrée et épuisée. J'ai l'impression que les choses bougent trop et que j'ai du mal à suivre. De la même manière que les personnes vivant il y à des siècles la pensaient que la terre était plate et immobile sous leurs pieds, aujourd'hui je me pose la question si cette immobilité n'est pas simplement un brouillard et un manque d'information.

De partout, viennent les rumeurs de corruption, de détournement de fonds, de la belle vie, et de dispute au sujet de l'argent chez les hauts dirigeants militaires dans le gouvernement. Pendant ce temps, ici, la seule certitude est qu’une fois de temps en temps, de l'Olympe, une tête roule.

Je n'aime pas chercher les réponses dans un futur où une seule chose est certaine: l'incertitude. Mais nier que des briques se détachent du mur du pouvoir serait naïf. Ce ne sera pas la première fois dans l'histoire que l'auto-destruction est le destin des puissants.

Monday, March 22, 2010

Sunday, March 21, 2010

Cette rue appartient aux Dames en Blanc




C'était le dernier jour de l'académie blogger, mais le cinquième jour de marche des Dames en Blanc. A la fin du cours Juan Juan Almeida, Laritza Diversent, Joysi García, Silvio Benítez, Ciro Díaz et moi avons décidé de nous joindre à elles.
Nous sommes arrivés à l'église une heure en avance.Depuis le coin de la rue déjà on pouvait reconnaître les visages de ceux qui nous ont surveillé ou agressé; Yoani vit une des jeunes femmes qui l'avait frappé le jour suivant de la mort d Orlando Zapata Tamayo. Poser le pied dans la maison de Dieu fût un soulagement, nous savons que les militaires ont peu de limites en ce pays et un lieu saint est l'une d'elles.
Dedans tout était paix, cependant depuis la rue s'infiltrait le tohu-bohu des gens sans foi, convoqués par leur syndicats de leur lieu de travail pour réprimer. Les Dames en Blanc arrivèrent précédées de vociférations et de cris "vive Fidel!". nous nous sommes regroupés à la porte curieux, fidèles, journalistes et solidaires
Quand elles firent les premiers pas dans l'enceinte avec leurs glaïeuls, leurs blessures-certaines avec des plâtres au bras- et leur énergie infinie, ceux de la rue se calmèrent et autour de moi les gens commencèrent a murmurer " Bienvenue en la maison de Dieu". Je ne suis pas dévote, mais je jure que se fût le premier instant sacré de l'après-midi et ce ne fût pas le dernier
Des sans figures se glissèrent à l'intérieur, pour eux les souffles de l'esprit paraissaient ne pas exister. De plus, indisciplinés ils perturbèrent les allées latérales malgré les avertissements du prêtre au début de la messe
Essayer de décrire les minutes suivantes m'est impossible, je finis m'essuyant les yeux pendant que j'étreignais les femmes devant et derrière moi, embrassais mes amis à mes cotés et oubliais qu'à quelques mètres de moi la haine attendait pour attaquer la procession
Je ne sais pas si c'est l'effet d'être entré à l'église ou si tout simplement les ordres ont été changés, mais le groupe de répudiation qui nous attendait ne fut comparable aux autres que j'avais vécu.
Défiler dans les rue de Centro Habana main dans la main avec les Dames en Blanc a été un honneur ineffable. Comme nous étions vêtus de différentes couleurs, plusieurs fois ils ont essayé de nous séparer du groupe mais les Dames se passaient le mot: "tenons bien les bloggers, il faut les protéger"
Personne me fit lâcher la main, personne n'osât les toucher et le peuple -le vrai- depuis les balcons et les trottoirs regardait avec fierté et orgueil ces femmes qui portaient sur leurs épaules l'espoir de tous les cubains
N.B. : Aujourd'hui je suis allée voir Laura Pollàn à sa maison, elles ont marché 11 km pour le sixième jour

Traducteur: Gérard BELLINE

Thursday, March 18, 2010

La vie à Cuba est elle sacrée?


Quand j'ai ouvert le fichier nommé "Mazorra" une série de monstruosités me sauta au visage et je n'ai pu terminer de regarder ce cruel témoignage en image. Un ami médecin m'a rendu visite et pendant qu'il analysait ces images que je n'avais pas eu le courage de regarder, des expressions comme "Ave Maria Purissima" "Mon Dieu" " qu'est ce ceci Grand Dieu?" jaillissaient de sa gorge mêlées à de obscures pathologies et énumération de maladies soignables et curables

Foies énormes, poumons tuberculeux et intestins pleins de vers sont la preuve, madame Arlin, de l'état sacré de la vie à Cuba. Alors qu'en l'émission "Table Ronde" ( Mesa Redonda) on trépigne parce que la mort de Orlando Zapata Tamayo a fait tomber le masque d'un système de santé en miettes et on s'accommode de la honte de voir des militaires traînant et rouant de coups un groupe de femmes vêtues de blanc avec des fleurs à la main, je me demande: Messieurs les journalistes, quand va-t-on expliquer aux cubains les raisons pour lesquelles 26 personnes souffrant d'incapacité mentale sont mortes dans des conditions inhumaines lors de leur internement à Mazorra

N.B.: je publie ces photos avec la conscience tranquille, si elles n'avaient pas été montrées il n'y aurait pas eu de preuves des souffrances infligées à ces êtres humains.Si ce n'etait les terribles photos qui les dénoncèrent, le génocide de Pol Pot ou les tortures de la prison d' Abu Ghraib non plus n'auraient pas existé l'holocauste nazi

Traducteur: Gérard BELLINE

Monday, March 15, 2010

L'attente sans fin



Photo: Claudio Fuentes Madan
Je l'ai connu quand j'avais dix huit ans:il était intelligent, grand, beau, mulâtre, bilingue et menteur. Il m'avait dit qu'il était arabe et c'était un mensonge, il m'avait dit qu'il avait voyagé et c'était un mensonge, il m'avait dit qu'il avait une fiancée "yuma" ( étrangère) qui allait l'emmener dans son pays et cela aussi c'était un mensonge. Malgré ça , je l'aimais bien, j'apprécie les rêveurs.Nous sommes devenus amis.
Puis la vie nous a fait prendre des chemins différents: je me suis lassée d'attendre un moyen pour m'éloigner de ce pays, lui a opté pour l'attente indéfinie. Une ou deux fois par an nous nous voyons, chaque fois plus éloignés, moi tant démoralisée et lui espérant et espérant.
Maintenant il approche la cinquantaine, un air dégingandé, la chevelure blanchissante et parler deux langues n'est plus un charme. Il me raconte qu'il a une fiancée allemande et moi j'imagine le jour où il va me dire qu'il détient cette damnée "carte d'invitation" à laquelle il aspire depuis tant d'années.
Il n'est pas seul en cette "attente indéfinie", on y trouve presque tous mes amis- réclamation,visa,permis de sortie, permis de résidence à l'étranger,permis de voyager ou bourse- tous attendent ce papier qui les emmènera loin , très loin de cette terre" sans lendemain". Moi aussi pendant quelques années j'ai espéré en la loterie un bon de sortie qui n'est jamais arrivé...même si je connais des amies qui font même confiance au courrier.
J'ai fini par définir cela comme un état physique et spirituel: tu n'es pas parti mais déjà tu n'es plus là; Je me souviens avoir lu quelque chose de ressemblant dans " LOS PERROS DEL PARAISO"(Les Chiens du Paradis) d' Abel Pose, où l'amiral Christophe Colomb, délirant déjà en Amérique exigea de ses subalternes qu'ils cessent d'être et commencent à devenir. Il est ironique et tristement littéraire que tant de siècles aprés, les hommes de la terre qu'il découvrit- celle qui était la plus belle que les yeux humains n'avaient jamais vu- aient repris sa formule à l'envers: être et non devenir
Traducteur: Gérard BELLINE

Saturday, March 13, 2010

Le poids de la guerre froide

Après l'Odyssée en laquelle peut se convertir la connexion à Internet, avoir quatre ou cinq proxys pour contourner la censure imposée par le gouvernement, après avoir renoncé à Skype il ya quelques mois et littéralement naviguer à contre-courant (50kb par seconde maximum), rencontrer des annonces comme celle de ce post est plutôt décevant.

C'est pourquoi la levée de certaines sanctions imposées à Cuba, l'Iran et le Soudan, annoncée par le Département d'État américain pour faciliter l'accès du public au réseau est, à mon avis, essentielle. La voix du peuple, et non de ses gouvernants, est celle qui lutte pour s'ouvrir un chemin dans le réseau.Internet est l'espace de ceux qui n'ont pas la liberté d'expression ni de la presse.

Ces sanctions leurs permet aussi de se justifier: il n'y a pas d'Internet à Cuba à cause du blocus. Pourquoi donner des alibis à un Etat? Je suis convaincue que toute sanction imposée à Cuba est une arme pour justifier l'absence de libertés. Pour le gouvernement cubain l'accès à l'information constitue un danger, en le restreignant on lui simplifie le travail et on réduit les petites sources de liberté des cubains.

Sur cette île il n'y a pas Internet parce que le gouvernement cubain en a peur, les multiples sites bloqués , les difficultés d'accès et la police informatique en sont la preuve. Tout geste qui sert à maintenir cette triste réalité n'est, je crois,que non-sens. Quoi qu'il en soit, le temps dira si mon scepticisme est justifié, ici nous avons le cable du Venezuela,auquel je continue de trouver une certaine analogie mythologique avec le fil d'Ariane, qui la sauva des griffes du Minotaure.

Traducteur: Gérard BELLINE