Tuesday, May 24, 2011

La Havane - New York

From Guama
El Guamá Je l'ai connue en 2004, nous avions une connaissance commune, ma voisine. Elle passait sa vie en discothèques et aux concerts, toujours avec des garçons en voiture qui venaient la chercher. Je l'aimais bien, elle était amusante. Les après-midi, quand elle se levait, elle venait parfois prendre le café chez moi. Avec des parents à l'étranger, elle vivait sans travailler et bien que parfois elle était à court d'argent, les sorties nocturnes n'étaient pas affectées parce que pour ça les hommes payaient.

Le hasard, qui nous a placé un jour dans le même quartier, nous a séparés. Pendant des années, je n'ai pas eu de ses nouvelles et j'ai pensé, comme il est normal dans cette île, qu'elle était partie du pays. Il y a peu nous nous sommes retrouvées et j'ai pu vérifié qu'elle avait une raison: maintenant elle vit à New York et vient à Cuba pour les vacances. Je ne sais pas comment elle est partie, les Cubains s'arrangent de tant de façon pour sortir fuyant cette terre qui m'a déjà pris le travail de recherche, puisque les histoires peuvent être comiques, mais aussi très tristes et sinistres. De plus, j'avance un peu avec sensibilité sur le sujet de l'émigration, je me demande qui sera à mon côté dans dix ans, quand tous mes amis seront déjà partis.

Pendant l'instant que nous avons partagé, elle m'a raconté que là-bas elle travaillait beaucoup, et que d'une manière générale, elle se considérait comme communiste. Une communiste, me-suis exclamée? - si tu étais une terrible gusana. Qui t'a succédé? Le système des États-Unis - condamné - est inhumain, ici c'est mieux, plus humain. Je l'ai regardée bouche bée, le nouveau pays dans lequel elle vit ne lui plaît pas, parce qu'elle doit travailler, à Cuba elle ne le faisait pas parce que quelqu'un l'entretenait. Pourquoi justifie-t-elle par la politique sa propre incapacité productive ? Je ne suis pas d'accord avec toi - j'ai répondu en essayant de taire la passion qui m'envahit quand les gens viennent de la démocratie en me racontant des contes de fées sur la dictature - beaucoup de gens ne travaillent pas, c'est certain, parce que le salaire est "inhumain" et il n'est intéressant pour personne de courber l'échine gratuitement. Cependant, il me semble bien que, pour gagner son pain, tu dois travailler, c'est normal. Le Cubain n'aime pas travailler - j'ai riposté et alors j'ai su que parce qu'il ne lui plaît pas à elle de travailler, elle considère que c'est pareil pour le reste du peuple.  Quelle capacité de généralisation!

Avant de nous séparer, elle m'a raconté qu'elle avait une opération en cours, j'ai supposé qu'elle serait à Cuba, puisque le gouvernement que nous avons est si humain. Quelle n'a pas été ma surprise de l'entendre s'exclamer:  Je n'opère pas là-bas!  

Traducteur: Catherine F.

Wednesday, May 4, 2011

Les mêmes noms


Le manque de rationalité me vient à l'esprit devant les images du Sixième Congrès. Quand j'entends la liste des délégués, les membres du Bureau Politique et ceux du Comité Central, je ressens un malaise physique désagréable : Machado Ventura, Balaguer, Cintas Frías, et un vieux etcétéra, ne me laissent pas continuer à écouter avec objectivité. Et comble de tout, Raúl Castro se met à raconter une anecdocte digne d'une telenovela (« feuilleton mexicain ») sur le machisme familial : il marche sur les pieds de Machado Ventura après qu'un certain ragot se soit propagé. Cette scène aurait été certainement plus adéquate devant le four d'une cuisine que pendant le tant attendu Congrès du Parti Communiste.



Le pire - ou le meilleur, selon la lecture - est que nous aurons à attendre jusqu'au 28 janvier 2012 pour la mise en application des changements. On supposait que le super changement serait pour tout de suite, mais ils nous ont donné une "petite modification" et à nouveau nous ont ajourné la "transformation". Raúl Castro se lamente sur des dogmes archaïques, promet une autre rectification, augure un avenir avec de plus jeunes dirigeants et assure qu'il sauvera lentement le socialisme et la révolution. Le Général sait, il doit le savoir, que ses promesses s'accompliront seulement quand il ne sera déjà plus dans le Comité Central, quand il ne sera plus le Premier Secrétaire d'aucun parti, quand vraiment une nouvelle vague de fonctionnaires publiques assumera les pouvoirs. Et justement c'est ça qu'ils veulent des puissants vieillards: minimiser le changement et jouer une politique de compte gouttes, pour étendre le plus possible l'inévitable changement, la fin de l'omniprésence du Parti.


Cependant, même moi, la reine de l'incrédulité, sens un certain optimisme. Les libertés économiques que le gouvernement cubain est aujourd'hui obligé de nous accorder, à risque de s'effondrer, ce seront les fondements de la liberté sociale et politique que nous leur arracherons demain, parce qu'alors ils seront également condamnés à céder, sous peine de périr.



Traducteur: Catherine F.

Publié en espagnol le 22 avril 2011