Photo: Claudio Fuentes Madan
Je me suis évanouie seulement une fois dans ma vie: je marchais sur la 23ème avenue et j'ai vu une voiture écraser un chien. Le chauffeur et son passager se sont penchés, ont saisit l'animal par les pattes et l'ont lancé, agonisant, dans une benne à ordures à un mètre de moi. La dernière image que j'ai emportée avant de tomber : le chien tout agité, saignant au milieu des déchets tandis que mes oreilles captaient le crissement des pneus du moskvich s'éloignant à toute vitesse. Quand je me suis réveillée j'étais dans mon lit : l'amie qui m'accompagnait avait réussi à obtenir un taxi et m'avait laissée saine et sauve, bien que pas bien réveillée, à la porte de ma maison.
Peut-être que cet instant a marqué mon obsession pour les chiens errants: ils me brisent le cœur, ne pas pouvoir tous les ramasser me donne une sensation d'impuissance, je tremble en les voyant traverser les rues. L'autre jour, un de mes amis, ultra pessimiste quant à l'avenir de ce pays, se moquait de mon appréhension pour les animaux; cependant trop d'indolence s'abat sur les épaules de ce peuple et les chiens ont été les victimes directes de ce phénomène d'apathie nationale: galeux, blessés, hyper maigres et crasseux, ils font partie du paysage quotidien de ma ville, comme les arbres et les oisillons.
Le terrible de leur situation n'est seulement surpassé que par leurs compatriotes du monde animal, résidents du zoo de l'avenue 26: en plus d'être maigres, crasseux et pratiquement malades, ils vivent dans des cages minuscules pour leur taille (le toit en fil de fer qu'ont pour ciel les faucons et les aigles est vraiment décourageant) et parfois ils sont seuls, cela donne l'impression qu'ils sont là juste pour nous éduquer sur les fondamentaux de la maltraitance animale.
Traducteur: Denis
Opération nettoyage
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Angle des rues Infanta et Vapor, 20h. Un échafaudage grince sous le poids
de ses occupants. La zone est sombre, mais malgré cela, deux peintres
passent leu...
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