Mon amie était au volant et j'appréciait à son côté la rareté d'une promenade dans La Havane en voiture. La soirée tournait déjà au jaune et nous traversions 41 et 42, pour prendre l'Avenue 23, au quartier du Vedado. Soudain, une voiture Lada, pompeusement arrêtée au milieu de 41, nous barrait la route - à nous et aussi à ceux qui étaient derrière nous.
J'ai vu la main de mon amie s'approcher impulsivement du klaxon, en même temps que ses yeux, suivant des commandes plus rationnelles, se concentraient sur le matricule du "Seigneur de la rue". Seulement quelques secondes lui ont fallu pour que ses doigts glissent lentement, sans le moindre bruit, jusqu'à ses cuisses. Je lui ai dit ironiquement:
- L'impunité du Vert.
Mais elle m'a regardé avec des yeux si pleins de tristesse que mon sarcasme est devenu un acte de sadisme. J'ai eu de la peine.
Au ralenti, elle a déplacé le levier de vitesses pour mettre la marche-arrière. Parmi les "puaf, puaf, puaf" du pot d'échappement, nous avons changé de voie et, très lentement, sommes passées à côté du militaire qui n'a même pas réalisé qu'il y avait une file d'attente derrière lui et bavardait tranquillement.
Je n'ai pas réussi à voir son visage, mais la montre de son poignet éclairait, -comme la dent en or de Pedro Navaja dans la chanson de Rubén Blades-, toute l'avenue.
Note: La matricule verte appartient aux voitures du Ministère de l'Intérieur.
Traducteur: Denis
No comments:
Post a Comment