Thursday, April 21, 2011

Le samedi



Depuis vendredi 8 avril le ciel nous annonce que la marche s'approche. Sous le précieux bleu, des avions de guerre essayent - nous ne savons pas bien comment ni pourquoi - de piquer vers la terre; nous nous sommes couvert les oreilles pour ne pas entendre le vacarme. Mes chiens ont perdu le sommeil, le mâle abboie désespérement au plafond et la femelle se cache sous le sofa. Je voudrais pouvoir leur expliquer que ce n'est rien de plus qu'un écran de vanité militaire dans un pays qui est fatigué de répéter au monde qu'il condamne la guerre. Je sors dans la rue et suis surprise de voir passer quelques chars devant mes yeux. Je traverse l'avenue 26 et respire profondément, c'est un fait: cette île est gouvernée par des fous. La circulation est détournée et les voitures perdues entre les rues forment un chaos. Je passe quinze minutes à essayer de traverser Paseo.

Cela fais dix jours que je vis en compte a rebours: plus que sept, plus que cinq, plus que finalement deux aujourd'hui. Je n'ai jamais été si désespérée par l'arrivée du dimanche. Dès vendredi, tout sera paralysé, les écoles, les commerces, la ville. Avec tant de besoin et tant de crise je me demande à combien de zéros se monte la note de frais de la mega marche pour le cinquantième anniversaire de la baie des Cochons.

Ils disent que nous, cubains, sommes paranoïaques et, sincèrement, si nous ne l'étions pas bien mal serions-nous, parce qu'il n'y a rien qui donne plus le frisson que de se montrer au balcon et voir à un peloton de soldats crier des gros mots et donner des coups de pied au sol, ni plus sombre qu'une armée mobilisée en temps de paix, ni plus irrationnelle de sortir les hommes de leur travail pour mobiliser plusieurs fois par an les réserves. Rien de plus triste que cette semaine, qui nous rappelle sans piété que ce n'est pas la guerre de tout le peuple, mais la guerre contre tout le peuple.

Traducteur: Catherine F.

Publié en espagnol le 15 avril 2011

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