Thursday, March 19, 2009

Des professeurs... pourquoi?



Photo: Par E.M. (Mur du secrétariat de la Faculté d’Architecture du CUJAE* cours 2007-2008)

Je prends mon autobus habituel et je voix un jeune de 16ans de mon quartier que je connais et qui me donne son siège. Il porte l’uniforme de l’école technique, je sais qu’il étudie le matin car nous nous croisons parfois sur la P4, j’imagine qu’il s’en va à la maison. Mais non, il me dit qu’il va à une nouvelle école : des mathématiques. Je lui demande si c’est difficile (pour moi les maths ont toujours été difficiles) et il me dit, en souriant, qu’il est le professeur. Il boit bien par l’expression sur mon visage que je suis incrédule, mais comment puis-je éviter de dire « Comment peux-tu être un professeur?!...euh… est-ce que c’est par ce qu’il n’y a pas assez d’enseignant? » Je ne veux pas être trop sévère et donner un discours sur ce que je pense des étudiants de deuxième année technique qui enseignent (j’en étais une, donc je sais parfaitement que c’est désastreux.) En plus, ce n’est pas la faute du jeune, je suis certaine qu’ils l’ont appelés et l’ont mit dans une situation très difficile : tu dois enseigner si tu veux une place à l’université, le genre de chantage qui est typiques avec le Ministère de l’Éducation.

Je lui demande l’âge de ses étudiants, j’imagine qu’il enseigne au secondaire ou quelque chose du genre. Il rit, comme si j’étais une extra-terrestre d’une autre planète de demander une telle question, il répond (comme on répond à un enfant qui a l’âge de toujours demander « pourquoi ») avec patience. « J’enseigne à des gens de mon âge l’après-midi. » C’est là que j’ai sautée ma coche, « Me le jeune, comment peux-tu donner des cours à des étudiants de ton âge si tu prends les même cours?! » Il reste composé. Ahh les adolescents qui comprennent tout et ne connaissent rien! Il m’explique, (ça parait qu’il m’aime bien sinon il m’aurait envoyé promener), « je prends le cours le matin avec le professeur, et dans l’après-midi je de donne le même cours qu’il m’a donné. »

Je suis dépassée par l’absurdité, je dis quelque chose de genre, “qu’est qu’on peut faire” ou “pauvres étudiants”, je ne m’en souviens pas vraiment car en ce moment j’essayais de me contrôler. (Mon opinion diffère de celle de certains intellectuels et journalistes officiels cubains, je ne pense pas que l’autobus que l’autobus est une plateforme pour la liberté d’expression, à moins qu’ils décident de tenir la prochaine réunion du Parti Communiste sur le parcours « Alamar-Calixto Garcia ».) Mais sa réponse a mit fin à la conversation : « Je ne me disputerai pas, si les étudiants me comprennent mieux que le professeur. »



Une petite note au sujet de la photo : E.M., qui était un professeur au CUJAE* dans ce temps là, me dit que le « sujet » était nouveau, donc l’Universite de La Havane a envoyée un professeur pour l’enseigner. Âpres un peu de temps le G2 est arrivé dans la faculté et ils ont mit le professeur dans un voiture de patrouille : Le professeur avait des problèmes politiques et avait même donné des « entrevues subversive. » Les étudiants ont confirmés que ce qui c’est passé en classe était un « conquito con mortadela » (en peu de temps et malgré la matière qu’il enseignait il était devenu très populaire avec les étudiants.) Malgré que je ne connaisse pas son nom, ni les dates, l’histoire est restée avec moi comme étant une vrai version tropicale du professeur dans « Maitre et Margarita » et je regrette de ne pas avoir eu la chance d’apprécier ses cours.

Notes du traducteur:
CUJAE : (Cuba) Institut Supérieur Polytechnique Jose Antonio Echeverria (comprend les écoles d’architecture, d’informatique et d’ingénierie civile, électrique, mécanique et chimique.)

Le signe dans la fenêtre : il dit qu’il y a un cour sur les « Réflexions » de Fidel Castro (qui sont publiées dans le Granma, le journal officiel. C’est un cour obligatoire et il comprend un examen final.)

No comments: