Peu à peu, les choses ont changé: j'ai fini par détester ce foulard douloureux que je ne pouvais pas retirer sans perdre mon honneur révolutionnaire, j'ai douté d'une démocratie qui ne considérait pas l'abstention comme une attitude, j'ai compris la farce de garder une urne qui ne servait seulement qu'à perpétuer la peur des votants.
Je suis arrivé à seize ans, et le premier bulletin de vote dans lequel j'ai mis une croix a signifié pour moi le premier degré de l'escalier infini de la paranoïa: je n'ai même pas eu le courage de le laisser blanc. Jusqu'à aujourd'hui, -alors que j'écris ces lignes- je suis arrivée à en annuler la plupart, cependant, je n'ai pas eu la force de m'absenter aux élections.
Le dimanche s'approche et je l'ai décidé: ce sera la première fois. Il se peut que cela semble un peu absurde que je craigne "l'abstention"; malheureusement, la peur a des chemins obscures et me présenter devant la présidente du bureau de vote pour dire: "Ne m'attendez, je ne viendrais pas voter", c'est justement ce que je n'ai jamais osé faire.
Traducteur: Denis
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