Malgré toutes les fois où j'ai écrit le mot "solidarité" dans mon cahier d'études primaires, de combien chez moi on m'a dit "nous sommes dans cette société pour nous occuper de tous", des multiples occasions où j'ai entendu "Oui, le Cubain aide", jamais je n'ai pu percevoir dans la vie réelle cette généralisation de la bonté de mes con génère, mais plutôt le contraire.
J'ai vu des femmes enceintes voyager debout dans le bus pendant que ceux assis faisaient semblant de regarder un point fixe plus loin à la fenêtre ; une fois même, j'ai écouté pendant une demie heure dans le bus de la ligne P4 le percepteur (celui à qui on paye le bus) argumenter "pourquoi" les femmes enceintes n'avaient pas le droit de réclamer une place assise.
Peut-être qu'il ne me manque pas de voir presque aucun acte égoïste dans les rues de La Havane: le vol qualifié sans que personne intervienne, la police abusent de leur fonctions et leur impunité, la Sécurité de l'État en prenant la rue et en déplaçant les gens comme dans un jeu d'échecs, les rassemblements de répudiation, les putains victimes d'abus de leurs souteneurs et de l'autorité, sans pouvoir se plaindre, toujours en risquant que l'on les fait retourner dans leurs provinces d'origine.
J'ai regardé des victimes et leurs malfaiteurs, je les ai vu même changer leurs habits et échanger leurs roles. J'ai vu, et -je m'ai regardé à moi même- tourner le visage devant la douleur et la pauvreté, blâmer les pauvres d'être pauvres et les riches d'être riches. J'ai vu ce peuple "aguerri qui a résisté 50 ans" se noyer dans l'alcool et se baigner après dans la boue de l'envie et de la misère. Je ne sais pas si cela peut être définie comme "résister", mais j'ai l'impression que la balance a été très négative.
Traducteurs: Chrys et Denis
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