Sunday, April 3, 2011

L’héritage

photo: Claudio Fuentes Madan

La Havane dort depuis que je suis née. J'aime rester au bout de la rue 12 et voir la ligne tracée par la mer au loin. Presque tous mes amis vivent, ou prétendent vivre, de l'autre côté de cette ligne. Là où mes yeux ne peuvent pas arriver.

Je lis la "Couleur de l'Été" de Reinaldo Arenas et sens que je suis au-delà de la fiction. Je suis heureuse, d'une certaine façon, que Reinaldo n'ai pas vu son roman devenir réalité, avec cinquante-deux ans de révolution. Je suis une espèce de personnage après le Grand Carnaval. Nous sommes tous les survivants des pages qu'il n'a pas écrit, parce que cinquante était déjà pour lui un nombre assez grand, assez rond. Nous avons déjà perdu la notion des nombres entiers, la notion de tous les nombres.

Je vis la sensation de respirer un changement que, cependant, je ne peux pas deviner. Il me semble que je suis à la fin mais j'ouvre les yeux et en réalité ce n'est pas plus que le commencement. Les choses finissent, les êtres vieillissent, les villes changent et les idéologies meurent. Cependant, il y a des jours où je me lève avec l'impression de m'être éveillée le jour précédent.


Traducteur: Catherine F.


Publié en espagnol le 29 mars 2011


1 comment:

roulette en ligne said...

J'aime l'agneau, ils sont très gentils