Sunday, March 22, 2009

Entrevue avec Orlando Luis Pardo Laso



Orlando Luis Pardo Lazo blogue depuis 2008. Né à La Havane, le 10 décembre 1971. Diplômé en Biochimie en 1994 de la faculté de biologie de Ville de la Havane, il a laissé les sciences peu à peu pour la littérature, jusqu'à ce que cette dernière ne lui laisse pas de temps pour d'autres spécialités.

Entre les prix reçus et les publications officielles : Des prix pour ses Contes dans les revues La Gazette de Cuba en2005 et la Cauce en 2007. Des prix de Narrations les Nouveaux Pins 2000 (le livre Collage Karaoke), Luis Rogelio Nogueras 2000 (livre Recommencer de zéro), Félix Pita Rodríguez 2004 (livre Ipatrías), le Calendrier 2005 (livre Mon nom est William Saroyan), parmi tant d’autres. Un prix de Photographie de la revue Planches 2008.

Des publications non-officielles : éditeur de l’e-zine d'écriture irrégulière The Revolution Evening Post. Blogs et revues digitales auxquelles il a participé : Revistas Cacharro(s), 33 y 1/3, Desliz, et The Revolution Evening Post. Dans les blogs Fogonero Emergente, Penúltimos Días, Pia McHabana, y Lunes de Post-Revolución

Récemment Orlando Luis a lancé son livre Boring Home, censuré par des Letras Cubanas, dans une présentation indépendante pendant la Foire Internationale du Livre de la Havane à la limite des lieux. Pendant toute la semaine avant la présentation, présenté par Yoani Sánchez du blog Génération Y, l'auteur a été victime d’une forte opération policière, des menaces par email et par téléphone contre sa personne physique. Malgré cela, la présentation de Boring Home a été tout un succès, des écrivains, des photographes ont participé et blogueurs du pays.

1-Quand as-tu commencé avec tes blogs Pia McHabana et Lunes de Post-Revolución?

Pia McHabana (qui que se soit) a commencé à bloguer en août 2008, après une saison perdue dans l'Internet (et je crois qu'il s'est déjà égaré de nouveau). En octobre 2008 je commence à donner une continuité à mon blog Lunes de Post-Revolución, où j’ai publié, plus que de posts, tous mes éditoriaux hebdomadaires : des descriptions, des opinions, un délire, des rencontres, des désobéissances, des sournoiseries grossières, des reportages anodins qui ne parlent de rien, des rêves érotiques et rêves littéraires en quantité industrielles. Ce blog est mon meilleur engagement en tant qu’auteur. Il me plairait le voir publié sur papier un jour, mais je soupçonne que ce serait un livre intolérable, in-instrumentale pour le pouvoir (in-tool-érable), une autre pilule qui passe mal de l’écriture Habanesque. Un geste limité dans le camping culturel Cubain si pacifié. Un gong de combat. Une performance radicael qui à Cuba aujourd'hui constitue un suicide de l'édition : l'une de ces hérésies illisibles qui tout de suite te transforment en ex--crivain.

2- Est-ce que c’est grâce à ces blogs que tu as fait tes débuts dans la blogosphère ou avais-tu publié dans un autre espace digital auparavant ?

Avant j'apparaissais sporadiquement dans des sites webs non-connexes, incluant dans des revues officielles comme Made in Cuba, comme Esquife, Alma Mater, El Caimán Barbudo et La Jiribilla. Et aussi, bien sûr, je me suis impliqué dans des projets d'édition alternatif comme les revues indépendantes Cacharro(s), 33 y 1/3, le projet Desliz, et mon propre e-zine d’écriture alternative The Revolution Evening Post (que j’ai réalisé avec des écrivains cubains de la Cuba Jorge Enrique Lage y Ahmel Echevarría Peré). Dans les blogs le Fogonero Emergente y Penúltimos Días, entre autres, une bonne partie de mon travail peut être lue en tant que blogueur chroniqueur. Ainsi, peu à peu j'accumulais des lecteurs et des partisans. En plus des commentaires odieux habituels qui m'attaquent personnellement, même à partir d'autres sites comme, Kaos en la Red (dont la section cubaine est connue non-grammatiquement comme Asko en la Red).

3- Tu as reçu des prix par chacun de tes livres publiés en Cuba et même été un jury de prix de littérature. Cependant, aujourd'hui avec le lancement indépendant “Boring Home“, tu as reçu des appels directement de la sécurité de l'état et des menaces anonymes par téléphone et par email. Qu'est-ce que tu crois qu'il a provoqué ce changement si radical de conduite officielle à l'égard de ta personne et de ton œuvre? Quand a commencé la campagne digitale anti-Orlando Luis Pardo Lazo ?

La messagerie et les appels anonymes sont anonymes, c’est pour cela que l'on ne peut pas attribuer à personne de violence verbale prisonnière : derrière ce masque muet son quota précis de terreur réside. Les attaques ont commencées aussitôt que l’invitation électronique a commencée circulé pour le lancement de mon livre de nouvelles Boring Home (expulsé, sans même me l’avoir dit, de la maison d'édition de l’État Letras Cubaines qui depuis des mois avait approuvé sa publication et il s'était oralement commis à sa publication pour la dernière Foire Internationale du Livre de La Havane : le contrat à Cuba est une formalité à posteriori). Déjà avant j’avais entendu des rumeurs disant que des grands fonctionnaires lisaient mes éditoriaux sur les blogs et qu’ils avaient laissés un mauvais goût dans leurs bouches (et ils les ont fait circuler librement, et ils les ont même publié sur d'autres sites sans ma permission). Ainsi ils m’ont averti à la manière sicilienne que j’avais croisé une ligne et que ce chemin était sans retour. Je n'ai pas répondu aux attaques d'une façon directe, puisque tous essayaient de me stigmatiser avec ces mots qui à Cuba sont synonymes avec rejet: dissident, mercenaire, contre-révolutionnaire, l'agent, etc... (Tout un voCUBAlaire pour que personne ne souvienne que je suis et je continuerai d'être un écrivain.) Ils veulent me mettre la tête ou le cul dans un camp pour criminel politique. Nos directeurs culturels sont analphabètes ou lisent sans humeur : peut-être entre les résolutions et les chèques ils ont perdu leur libido pour la liberté académique. Aujourd'hui tant de discipline m’attriste. Les maisons d'édition ne devraient pas punir leurs auteurs pour leurs biographies (ou reconnaître que ce sont des petites écoles politico-morale et des non maisons d'édition).

4- Parlons un peu de Boring Home. Compte-moi l'histoire de ce livre.

Boring Home est un livre qui est à moitié un jeu de mots où les histoires importent moins que les mots. Il y a des récits étendus et d’autres de seulement une page, mais dans tous les récits il émerge ce plaisir de savourer les mots : l'allitération avant le littéraire. Les personnages de mon livre sont obsédés, par-dessus le marché, par l'acte presque posthume de raconter : comment compiler la matière première de la fiction, comment se compliquer jusqu'à provoquer une friction. Sois avec les paroles d'une chanson, sois avec les titres de la presse plate, sois avec la mémoire paranoïaque d'une fille qui fuit, sois avec la nostalgie pathologique de celui qui est parti sans ne jamais partir ou de celui qui est revenu sans n'être jamais parti, sois même avec une réécriture des éléments chimiques de la Table Périodique : mes textes sont une expérience et une interrogation sur les limites de la narration dans ce ou tout autre contexte. Certains de ces contes ont gagnés des prix et publiés dans des revues et des anthologies à l'intérieur et en dehors de la Cuba, de La Gazette de la Cuba à Encuentro de la Cultura Cubana. Cet écume-alisme à moi, à cette heure, de ne pas discriminer entre les maisons d'éditions a été compris comme ma provocation originale. L'interdiction de Boring Home n’a jamais été officielle à ce que je comprenne, en conséquence, comme une provocation des Letras Cubanas contre ma légitimité d'auteur : une façon de minimaliser mon travail de blogueur, une leçon exemplaire pour le reste de mes contemporains de la Génération de l'An Zéro, peut-être même une mauvaise manière de me suggérer que je renonce à poster mes dadas-délires-délinquances. Mais à ce point dans la bande dessinée de la Patrie, i-né-vi-ta-ble-ment (comme on réitère dans la promotion digitale avant le lancement) ce pâté bureaucratique ne pouvait pas rester sans une réponse publique. Idéalement, il devait être très clair qu'il existe et il y aura des letras cubanas (en lettre minuscule) en dehors et après Letras Cubanas.

5- Tu as réussi à lancer le livre au milieu de d’une énorme opération de la sécurité de l'état, des écrivains, des photographes et beaucoup de personnes sont venus malgré l'intimidation. Qu'est-ce que tu crois que cela peut signifier ? Pourrait-on considérer ceci comme un nouvel horizon pour les limites de la censure ?

“Le dernier dîner de la censure” : c’est un bon titre que bientôt je me volerai d'un post de ton blog. J’espère que ça signifie que nous pouvons nous tenir la tête haute. Le premier petit pas de nos écrivains dans l'argile stérile lunaire (et lunatique) du monde de l'édition cubain à Cuba. Dans une dernière instance, un geste belligérant de paix : nous ne voulons pas s’autocensurés, ni être des victimes d'une autorité, mais elle existe et nous avons le droit de réplique, de répondre dans les conditions qui, en tant que créateurs, nous sont plus avantageuse (et pas nécessairement par les canaux établis pour monter un cri Oedipique comme au XXe siècle). Nous sommes les autres acteurs : éphémères, mais efficaces. Si l'Institution Culturelle perd cette occasion de dialogue divergent, c’est elle qui est perdante. Elle doit s'adapter à son rôle administratif et non celui de directeur. Ou ils resteront en dehors des coordonnés vifs et mutants du XXIe siècle cubain que personne n'ose encore exposer.

6- Tu partages l'itinéraire blogueur de Yoani Sánchez, tu as quelques blogs et fais partie de Voces Cubanas. Comment the sens-tu en présence de la petite communauté blogueur autour de toi pendant ces jours difficiles?

Solidaire. Même sans nécessairement comprendre tout à fait la gravité du sujet, ils ont montré une solidarité, une sympathie civile et en plus une bonne humeur. Je les remercie tous. Spécialement, Yoani Sánchez pour avoir acceptée le défi de présenter mon livre, en sachant que presque aucun autre écrivain cubain serait ne voudrais le faire. Et toi, Claudia Cadelo, pour avoir ouvert une petite fenêtre pour que je puisse respirer au milieu de cette atmosphère corrompue, et maintenant pour cette entrevue. Les méchants lecteurs disent qu'ils m'ont manipulé pour faire un bon show (même dans les menaces téléphoniques ils me le disaient), mais pour semer ce type de merde est, entre nous, le plus vieux métier du monde (le métier odieux des serpents). Aussi beaucoup de merveilleux lecteurs cubains et blogueurs du monde médiatique étaient présent à cette présentation à l’extérieur de La Cabana : nous n'envahissons même pas l'espace de ses mûres, il nous a suffi de laisser un graffiti symbolique á côté des ponts-levis du Château Kafkaesque.

7- Qu'est-ce que tu pense de la blogosphère alternative ? Comment te sens-tu à l’intérieur de cette dernière ?

Je me sens marginal, toujours à la marge. À l'intérieur et dehors. Comme un boxeur qui en prend et en donne, et qui ne se compromet pas trop dans aucun pugilat. Je suis une ligne de fuite permanente. Je me déplace entre les niveaux infinies Deleuzéennes d'un oignon sans carapace et sans cœur, ainsi ke gagne gaiement un rhizome juteux et joueur : j'écris pour perdre le visage, en creusant ma propre grotte de résistance auteuriale en face du consentement zoocial. Je suis une surface qui réduit le despotisme des soi-disant essences et aussi de tous les esprits sectaires. Pour le reste, je suppose que toute la blogosphère doit être alternative : l'autre serait du travail salarié (trolls de l’État et tout). Je lis très peu en ligne, mais je télécharge des pages ici et là que je consomme toujours plus tard avec surprise. J'ai confiance dans le pouvoir croissant que nous appelons le WWW et de son respect par le citadin devant les institutions et les masses. Avec un peu de chance, dans plusieurs de ces blogs l'avenir respire déjà.

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