Sunday, July 19, 2009

Tristes Connections



Aujourd'hui, je viens de terminer Persepolis, de l'écrivaine iranienne Marjane Satrapi et j'ai vu reflétée dans ses pages une partie de ma vie et mes soucis. Des choses étranges sans équivoque marquent les régimes totalitaires, au-delà de l'idéologie, la religion ou la culture, qui ont les mêmes effets sur leurs citoyens.

Par pure coïncidence, l'auteure nous parle d'un roman, Oshin, que j'ai vu à Cuba quand j'étais encore une petite fille. Je me souviens que ma sœur et moi avions transformé ma chambre en sanctuaire japonais, mon père nous a fabriqué des baguettes pour manger et ma mère faisait tremper du riz pour compléter notre tragique feuilleton de fantasmes. Mais encore plus remarquable, il s'avère, a été de voir que tout comme à Cuba Oshin n’était pas une Geisha, dans la version iranienne elle était une coiffeuse et à Cuba elle était styliste. Le travail d'une Geisha ne correspondait pas avec la morale islamique, et de l'autre côté du monde, les communistes ont estimé que ça allait en l’encontre de la mentalité socialiste.



Quand j'avais 20 ans, j'ai donné des cours d’espagnol à un étudiant de la Corée du Nord, à l'époque je n'avais pas la moindre idée de ce qui était arrivé aux gens de cette partie du monde. Mon élève travaillait fort, parlait avec un accent mais avec une bonne précision grammaticale, et il aimait les cours. Cependant, quelque chose d'étrange à propos de lui me repoussaient, ses idées me donnaient la frousse et ses compositions me laissaient bouche-bé. Une fois lorsque nous travaillions sur le subjonctif imparfait et le conditionnel, ses phrases étaient plus ou moins comme ceci:

- Si le général avait demandé que l'armée se sacrifie, les soldats auraient eu une mort heureuse.

Il n'a jamais écrit quoi que ce soit qui n'est pas à propos de la guerre. J'ai décidé de suspendre la classe, il s'est excusé et a demandé des devoirs qu'il puisse étudier. Il ne voulait pas partir, il m'a dit que j'étais la seule étrangère à qui il avait été autorisé de parler à Cuba: la professeure d'espagnol. Je lui ai dit que j'étais désolé, et jr lui ai dit au revoir.

Les années ont passé et j'ai appris que la Corée du Nord et nous partageons le même destin: vivre dans une dictature. Je me suis rendu compte que la sensation de liberté que je ressens lorsque je publie sur mon blog est le même qu’il ressentait quand il parlait avec moi et je me moquais de ses phrases. Je me sentais intolérante et paresseuse, j’ai coupé la connexion que ce pauvre homme avait avec la terre, son tunnel d'information. Je n'ai plus jamais eu de ses nouvelles.

Il est incroyable que nous partagions ces mêmes sentiments, si nous sommes si différents, et que nos gouvernements se servent parallèlement de ces techniques absurdes. Marjane dit que lorsque vous êtes obsédés par la correction de votre habillement, il n'y a pas de temps pour s’inquiéter de votre liberté personnelle, ni des droits des autres. Combien de fois ai-je entendu dire aux gens découragés de Cuba qu'ils ne peuvent pas parler de politique parce qu’ils doivent d'abord mettre de la nourriture sur la table?

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